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- Sport
- JO de Pékin 2022
La jeune femme de 18ans, née et résidente aux Etats-Unis, concourt depuis 2019 sous les couleurs du pays d’origine de sa mère. Elle représente le plus grand espoir de médailles de la Chine.
ParAude Lasjaunias
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![JO de Pékin 2022: Eileen Gu, la skieuse acrobatique prodige devenue le visage de l’équipe chinoise (1) JO de Pékin 2022: Eileen Gu, la skieuse acrobatique prodige devenue le visage de l’équipe chinoise (1)](https://i0.wp.com/img.lemde.fr/2022/01/31/0/0/5520/3568/664/0/75/0/38b42cd_293645821-043470.jpg)
En Chine, on la surnomme affectueusem*nt «la Princesse-Grenouille», en référence à un casque de couleur verte qu’elle avait revêtu lors d’une compétition. A tout juste 18ans, la skieuse acrobatique Eileen Gu (Gu Ailing, en chinois) entend profiter des Jeux olympiques de Pékin, qui se déroulent jusqu’au 20février, pour accéder au rang de reine de sa discipline. «N’importe quel athlète qui participe aux JO veut gagner l’or», déclarait-elle au site du Comité international olympique, en février2021.
Du côté de l’empire du Milieu, on n’en espère pas moins. Car si Eileen Gu est née à SanFrancisco, en Californie, et réside toujours aux Etats-Unis, c’est sous les couleurs du pays hôte qu’elle participe à cette XXIVeédition des Jeux d’hiver. La jeune femme apparaît comme le meilleur espoir de sacre d’une équipe nationale chinoise qui n’avait réussi à glaner qu’un seul titre olympique – celui de DajingWu en short-track – en2018, à Pyeongchang (Corée du Sud).
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Vainqueure de la Coupe du monde 2021-2022 en half-pipe, et invaincue depuis le début de la saison dans cette spécialité qui consiste à accomplir plusieurs figures acrobatiques dans un demi-cylindre de neige, elle cumule aussi les podiums en big air (s’élancer sur un tremplin pour exécuter une figure acrobatique) et en slopestyle (dévaler six modules, bosses, rampes et tremplins en réalisant des figures). Aux Jeux, elle sera au départ de ces trois épreuves.
«Les autorités chinoises espèrent qu’elle apportera un nouveau succès sportif à la nation», résume Jung-Woo Lee, maître de conférences en politique des sports et des loisirs à l’université d’Edimbourg (Ecosse).
Multimédaillée et élève brillante
Depuis qu’elle a décidé, en2019, de concourir sous la bannière du pays d’origine de sa mère, après avoir participé à quelques compétitions avec l’équipe nationale américaine, l’adolescente cumule les succès.
En2020, lors des Jeux olympiques de la jeunesse, à Lausanne (Suisse), elle s’est emparée de trois médailles – l’or en half-pipe et en big air, l’argent en slopestyle. Un an plus tard, pour sa première participation aux X-Games (la compétition-phare des sports extrêmes), à Aspen (Etats-Unis), elle est montée trois fois sur le podium, notamment sur la plus haute marche en super-pipe et en slopestyle. Du jamais-vu pour une «débutante» et une skieuse représentant la Chine. En mars de la même année, lors des championnats du monde, elle réalise un nouveau triplé – l’or en half-pipe et slopestyle, le bronze en big air – avec, à la clé, les premiers titres mondiaux de ski acrobatique pour l’empire du Milieu.
Eileen Gu cumulent les performances auxquelles est accolé le qualificatif «première à…». Comme en novembre2021 quand elle réalise un double cork 1440 – quatre rotations à 360degrés, dont deux rotations la tête en bas, en marge d’un entraînement à Stubai, en Autriche. Performance inédite pour une athlète féminine.
La jeune femme, de langue maternelle anglaise, parle couramment le mandarin, pose régulièrement en couverture de magazines de mode et est une élève brillante – elle a été admise à la prestigieuse université Stanford, aux Etats-Unis. Autant d’atouts qui ont fait d’elle la pièce maîtresse de la stratégie de rayonnement de Pékin. Eileen Gu est «pratiquement le visage de l’équipe de Chine pour ces Jeux olympiques», observe Jung-WooLee. Et la skieuse en est bien consciente. Dans un entretien à l’agence de presse nationale chinoise Xinhua, en2019, elle expliquait que sa décision de concourir pour la Chine avait été en partie motivée par le projet des autorités d’attirer 300millions de personnes vers les sports de glace et de neige. «L’occasion d’aider à inciter des millions de jeunes gens dans le pays où ma mère est née, écrivait-elle sur le réseau social Instagram. Si je peux aider à inspirer une jeune fille à briser une frontière, mes souhaits se seront réalisés.»
Cible de critiques virulentes
Dans sa communication en ligne et dans les médias, Eileen Gu décline toute question politique. Un numéro d’équilibriste alors que les relations entre les deux puissances mondiales sont de plus en plus tendues et que les Etats-Unis ont décidé d’observer un boycott diplomatique des Jeux d’hiver pour dénoncer les violations des droits de l’homme en Chine.
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En mars2021, l’adolescente confiait au South China Morning Post, avoir reçu «des menaces de mort» lors de l’annonce de sa décision de concourir sous bannière chinoise. «Depuis que je suis petite, j’ai toujours dit: quand je suis aux Etats-Unis, je suis américaine. Quand je suis en Chine, je suis chinoise. Je suis fière de mon héritage, et tout aussi fière de mon éducation américaine», martelait-elle lors d’un reportage sur la chaîne sportive américaine ESPN en janvier2020.
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« Paris 2024 » « Le Monde » décrypte l’actualité et les enjeux des Jeux olympiques et paralympiques de 2024. S’inscrirePrésente en Europe et aux Etats-Unis depuis la reprise de la saison en septembre2021, elle n’a pas pu bénéficier de son statut de représentante du pays hôte pour tester les sites sur lesquels se déroulera la quinzaine olympique. «On fait une discipline où ce n’est pas un avantage énorme, de toute façon», balaie la Française Tess Ledeux, l’une de ses rivales en big air et slopestyle.
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Pour la Plagnarde, en revanche, aucun doute: le public chinois – seule une poignée de personnes seront autorisées en tribunes, sur invitation, en raison des restrictions sanitaires – sera derrière sa protégée. «Dans notre milieu, on la considère presque plus comme une Américaine, et cela ne fait que depuis peu de temps qu’elle court pour la Chine. Mais, pour les Chinois, elle a une image incroyable et elle est très attendue. D’autant que c’est une des athlètes médaillables, et, on ne va pas se mentir, ils n’en ont pas beaucoup.»
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Aude Lasjaunias
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